"J'ai failli être interdit bancaire" : à Toulouse, une salariée traîne Hyperloop TT devant la justice pour salaires impayés
À la suite de plusieurs salaires perçus en retard ou impayés, une ingénieure d’Hyperloop TT a saisi le conseil des Prud’hommes de Toulouse.
Laëtitia* tire le diable par la queue depuis des années. Son salaire mensuel de 3 000 euros est versé au bon vouloir de son employeur. Excédée par une situation qui s’enlise, elle a saisi sur le fond le conseil des Prud’hommes de Toulouse en février 2023.
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La trentenaire travaille pour la filiale française d’Hyperloop TT depuis 2018, qui était installée sur la zone de Toulouse-Francazal et qui déménage en Italie. Elle avait intégré la société californienne en tant que collaboratrice. La docteure en ingénierie bossait bénévolement 10 heures par semaine. Le projet de train supersonique propulsé à plus de 1 000 km/h dans un tube à basse pression l’avait fasciné. « C’est complètement fou d’imaginer ça. Jeune diplômée, j’avais des étoiles dans les yeux. Partir de zéro, c’était stimulant. Je voyais ça comme un défi intellectuel », raconte Laëtitia.
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Six mois plus tard, elle est embauchée comme ingénieur. Comme dans toutes les histoires qui virent au vinaigre, les débuts étaient « fantastiques ». « Lors de ma première année chez Hyperloop TT, j’ai plus appris que pendant mes huit années d’études », glisse la jeune femme.
"J'ai dû emprunter de l'argent à des proches..."
Un an et demi après son embauche, les retards de salaire s’accumulent. Le salaire de mai 2021 n’est versé que le 16 juin, alors qu’elle reçoit habituellement son salaire à la fin du mois. Les mois qui suivent, elle reçoit une partie des 3 000 euros et l’autre des mois plus tard. L’année suivante, elle ne perçoit ses émoluments des mois de mai et de juin qu’en septembre ; et celui de juillet en octobre. Le reste de l’année, elle n’a pas touché son salaire, malgré ses incessantes relances par lettres recommandées. « J’ai dû contracter des crédits à la consommation et emprunter de l’argent à mes proches pour vivre. J’ai pratiquement été interdit bancaire… », confie Laëtitia.
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Les arriérés sont finalement réglés en février et en mars 2023, période à laquelle une de ses collègues avait saisi – avant de se désister – le conseil des Prudhommes à cause de salaires impayés. Les mois qui suivent, l’ingénieur touche ses appointements. Jusqu’à l’audience au conseil des Prudhommes, en novembre, Hyperloop TT – qui n’a pas répondu à nos sollicitations – se tient à carreau et rémunère sa salariée (presque) dans les temps. Depuis, la société américaine a récidivé.
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Laetitia n’a pas intégralement reçu ses salaires de novembre et de décembre. Et elle n’a pas vu la couleur de ceux de janvier et de février. Elle est en arrêt de travail depuis quelques jours, « trop stressée pour continuer à effectuer [s] es missions ». Selon nos informations, les cinq salariés de la filiale française sont dans une situation similaire. L’ingénieure espère obtenir la résiliation du contrat du travail au tort de l’employeur. La justice devrait rendre son jugement dans les prochaines semaines.
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