DOSSIER. Le maire de Monclar-de-Quercy : "Nos Ukrainiens sont des gens bien"
Deux ans après leur arrivée en Tarn-et-Garonne, et plus spécialement à Monclar-de-Quercy, les réfugiés ukrainiens prennent racine (lire notre édition du 24 février 2024). Du côté des élus Monclarais, on pointe plutôt les avantages liés à ce voisinage inattendu.
Depuis la fin mars 2022, et comme le soulignait le préfet de Tarn-et-Garonne dans notre édition d’hier, le maire de Monclar-de-Quercy (Tarn-et-Garonne), Jean-Paul Albert, a été en première ligne pour l’accueil des réfugiés ukrainiens.
115 à ce jour, la plupart à Monclar. Il était donc naturel de l’entendre sur le sujet, comme Michèle Serayssol-Fournier, chargée du volet social dans cette commune de 2000 habitants.
Répondre à une situation d’urgence
« Les réfugiés Ukrainiens sont arrivés à Monclar assez rapidement, dès les premières invasions russes dans leur pays, raconte Jean-Paul Albert. Le choix de Monclar comme village d’accueil n’a dépendu ni du maire, ni de la mairie mais tout simplement d’une décision de devoir et d’opportunité, prise au plus haut niveau, afin de mettre à l’abri des gens qui n’avaient plus de maison et qui prenaient tous les jours des bombes sur leurs têtes dans leur pays.
Pourquoi Monclar ?
Tout simplement, parce que notre base de loisirs comprend un grand village de vacances (privé) et disponible et que Monclar était sans doute de ce fait une des rares petites villes du département offrant une telle capacité d’accueil avec les 133 chalets du Hameau de Terre de France. Il s’agissait donc à la fois d’une décision d’urgence, de nécessité et de logique.
Pas de regrets
Mais au-delà de ces raisons techniques, après deux ans de recul je crois pouvoir témoigner de ce que nous n’avons jamais eu à Monclar de vraies raisons de regretter cette situation ; car nos Ukrainiens sont des gens bien, qui se conduisent bien ; malgré les difficultés de communication (l’ukrainien et le français sont des langues bien difficiles et très dissemblables), ils essaient de mener une vie normale, ils se comportent avec courtoisie, avec souci de ne pas perturber les autochtones, avec volonté de vivre comme nous, sans occasionner ni gêne, ni abus.
En faire des habitants
Pourtant Monclar est sans doute la commune de plus de 2000 habitants avec le revenu moyen familial le plus faible du Tarn et Garonne ; donc la moins prédisposée à un quelconque effort financier vers autrui. C’est pour cela que je plaide auprès de mes partenaires (l’État et l’association Montauriol, tous les acteurs collatéraux) pour que « nos Ukrainiens » ne soient plus de simples réfugiés mais deviennent des habitants et des agents économiques de la commune comme les autres, qui participent comme tels à l’effort économique de tous.
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Car, les circonstances n’ont amené les Ukrainiens à Monclar, au départ, que pour quelques semaines, voire quelques mois. Mais, l’évolution internationale montre bien désormais que leur situation d’exil est appelée à durer, peut-être même, pour beaucoup, à devenir définitive.
Une chance pour la commune
Il faut donc que tous nos habitants acceptent cette situation comme une chance et non comme une cause de restrictions ou de sacrifices, pour les Monclarais comme pour les Ukrainiens. Dès lors, les risques de friction entre les habitants « habituels » et les nouveaux résidents de Monclar, cette grosse centaine d’Ukrainiens arrivés ici un peu malgré eux (les premiers jours de guerre, ils étaient hébergés à Nice !), ces risques s’atténueront peu à peu. « Nos Ukrainiens » peuvent et doivent devenir des Monclarais comme les autres, grâce à leur travail dans des secteurs où nous avons besoin d’eux, s’intégrer dans leur relation avec les « anciens Monclarais », dans leur souci de participer à la vie communale, aux associations, dans leur mode de vie…
Plus de similitudes que de différences
C’est d’autant plus possible que Monclar présente sur bien des points de nombreuses lacunes dans son organisation, dans ses services, même dans son renouvellement démographique : par exemple, ce sont bien les Ukrainiens qui ont permis de limiter la « saignée » des effectifs dans l’école communale. Cette intégration, il faut bien le reconnaître a été facilitée par le fait que, même à leur arrivée en France, il y avait quand même entre les Ukrainiens et les Monclarais d’origine beaucoup plus de similitudes que de différences.
Ainsi, en tant que modeste maire rural, je n’ai sans doute aucune compétence pour porter un jugement sur l’évolution de la guerre en Ukraine, en revanche je crois avec mes collègues du conseil municipal, maîtriser assez bien quelques solutions (à proposer) pour aider les Ukrainiens à continuer leur existence ici, avec un projet de vie qui sera aussi le nôtre.
Avec les mêmes droits et les mêmes devoirs
Parce que je crois que la plupart d’entre eux aiment profondément Monclar, maintenant qu’ils le connaissent et qu’ils l’ont adopté. Beaucoup sont désireux de devenir Monclarais, bien sûr sans se substituer aux Monclarais de souche mais en venant « les renforcer », travailler et se fondre avec eux ; tout simplement, je répète toujours la même expression, en devenant des Monclarais comme les autres ; avec les mêmes droits et assurément les mêmes devoirs ! Ce ne sera sans doute pas tous les jours facile, mais il y va de l’intérêt de tous, si l’on veut leur donner une nouvelle chance dans la vie tout en assurant un avenir à notre région et même de nos traditions rurales, occitanes et françaises ; notre région est menacée, on le voit bien, par la lassitude d’une population trop oubliée et la désertification que provoque l’aspiration des métropoles ».
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