VRAI OU FAUX. Éducation : les groupes de niveau sont-ils vraiment efficaces ?
Annoncés en décembre 2023 par Gabriel Attal, les groupes de niveau verront le jour à la rentrée de septembre 2024 pour les élèves de 6e et 5e bien que rejetés par les enseignants qui remettent en cause leur utilité. Leur introduction dans le système scolaire aura-t-elle un réel effet ?
C'est un des gros chantiers de la future rentrée 2024. En décembre dernier, Gabriel Attal, alors ministre de l'Éducation Nationale, annonçait une réforme du collège et la mise en place de trois groupes de niveau en classe de 6e et 5e lors des cours de mathématiques et français. Alors que la plupart des enseignants semblent opposés à cette réforme et l'ont montré ces dernières semaines, une question se pose : les groupes de niveau vont-ils vraiment influer sur les résultats des élèves ?
Des groupes limités et temporaires seraient plus efficaces
De nombreuses études ont été menées ces dernières années concernant ces dispositions. Et toutes vont dans le même sens. Alors que Gabriel Attal souhaitait "relever le niveau général", ces groupes de niveau pourraient ne pas être la bonne solution selon l'IDEE (Innovations, données et expérimentations en éducation) : "Les regroupements permanents tels que les classes de niveau sont inefficaces."
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Mais si les groupes de niveau sont limités temporaires ils pourraient être positifs pour les élèves, selon le dernier rapport PISA (Programme International pour le suivi des acquis des élèves). "Une relation positive entre la performance obtenue en mathématique (discipline sur laquelle s'est concentré le rapport en 2022) et le regroupement d'élèves est observée si le regroupement est limité à quelques matières, alors que la relation est négative s'il est mis en œuvre pour toutes les matières".
Jean-Paul Delahaye, ancien directeur général de l'enseignement scolaire, ajoute que "les recherches du Conseil scientifique de l'Education nationale mettent en évidence que les groupes doivent être ponctuels". Par exemple, si plusieurs élèves sont en difficulté avec le théorème de Pythagore il faut leur proposer des cours spécifiques et ensuite les réintégrer à la classe.
Creusement des écarts de niveau
En revanche, les points négatifs de cette nouvelle réforme sont aussi connus. L'écart de performance scolaire – entre le groupe où le niveau est le plus fort et celui où le niveau est le plus faible – peut s'accentuer au fil des mois selon Jonas Didisse, docteur en économie de l'éducation à l'université de Rouen-Normandie et Amaël André, professeur en sciences de l'éducation et directeur adjoint en charge de la recherche à l'Institut national supérieur du professorat et de l'Éducation de Normandie-Rouen-Le Havre.
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"Le phénomène responsable de cet effet, c'est la tendance des enseignants, bien identifiée par la littérature, à baisser leur niveau d'exigence avec les groupes de niveau faible. Et comme les élèves s'adaptent à ces attentes moins élevées, ils vont progresser moins vite", analysent-ils. D'où une alerte de la part des deux hommes pour les futurs enseignants qui ne devront pas baisser d'exigence envers les groupes les plus faibles.
La comparaison sociale va s'accentuer
Autre aspect négatif selon Amaël André : la dimension sociale de la comparaison entre les élèves. "Les élèves du groupe faible auront tendance à appréhender négativement le fait de faire partie de ce groupe. De ce fait, ils auront tendance à se désengager", juge-t-il.
Les enseignants doivent par ailleurs veiller à atténuer la comparaison sociale, qui a tendance à être forte au sein des groupes de niveau élevé. "Chaque élève doit chercher à se dépasser soi-même plutôt qu'à être meilleur que les autres", résume Amaël André.
Pour que ces groupes de niveau parviennent avoir des résultats positifs, il faut aussi que les élèves puissent passer d'un groupe à l'autre pour ne pas se sentir découragés, ce qu'a promis Gabriel Attal en décembre dernier.
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