VIDEO. Ex-preneuse d'otage d'une salariée de son bailleur, la retraitée craint d’être expulsée de son logement
Nicole, 73 ans, avait séquestré une salariée de son bailleur afin de protester contre ses conditions de logement qu'elle estimait "indignes". Condamnée au pénal, cette habitante de Flourens (Haute-Garonne) doit quitter son logement sous peine d’être expulsée.
Le téléviseur de Nicole, réglé sur Melody TV, diffuse des clips surannés de Michel Jonasz. La déco de son petit appartement situé à Flourens, est sobre. Seules quelques photos de ses petits-enfants viennent égayer le séjour. Sur le plafond demeurent les traces du dégât des eaux qui a poussé cette femme de 73 ans à commettre un acte fou.
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Le 15 mai dernier, la retraitée avait pris en otage l’employée chargée de l’entretien de son immeuble pour dénoncer ses conditions de logement qu’elle estimait "indignes".
Elle a été condamnée à deux ans de prison avec sursis, avec l’interdiction de détenir une arme et à l’obligation de ne pas fréquenter son otage, plus un stage de citoyenneté. En outre, elle doit dédommager sa victime à hauteur de 1 500 € (voir encadré). "Je comprends la sanction même si l’arme que j’ai utilisée était factice. Je réitère mes excuses auprès de la personne que j’ai séquestrée", souffle cette ancienne contractuelle de l’Éducation nationale.
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Le bailleur social "Les Chalets" a sollicité auprès de la juridiction une résiliation anticipée de son contrat de location. Me Valérie Redon-Rey, l’avocate de l’organisme HLM s’en explique : "La résiliation judiciaire a été demandée compte tenu de la gravité des faits. Il faut imaginer l’impact sur les salariés du bailleur face à des locataires qui se considèrent " mécontents et lésés" et qui choisissent, plutôt que de dialoguer, de séquestrer et de proférer des menaces avec une arme."
"J'ai peur d’être sur une liste noire"
La décision est tombée le 22 décembre donnant raison aux Chalets. En théorie, Nicole a jusqu’à la fin du mois pour se retourner et trouver un nouvel appartement en dehors du parc immobilier du bailleur. "Pour un coup de sang, certes répréhensible, je trouve ça très dur", s’agace-t-elle.
La septuagénaire a effectué une demande de logement social début janvier dans le secteur de Plaisance-du-Touch où vit son fils et à Flourens où est domiciliée sa fille. Elle n’aurait pas encore eu de proposition de relogement. Elle craint d’avoir été placée sur "une liste noire (*)" depuis la prise d’otage : " Au pire, je sais que je pourrai compter sur mes enfants. Les deux m’ont déjà proposé de m’héberger mais j’aime ma solitude, j’ai besoin d’être seule et au calme pour me sentir bien. Mais à mon âge, ce que je redoute le plus, c’est le déménagement. Il va falloir que je sollicite mes proches pour m’aider. Je n’ai vraiment pas envie de les déranger."
Un proche l’a mise en relation avec une assistante sociale d’une entreprise privée afin qu’elle l’aide dans ses démarches. "Elle m’a dit de ne pas m’en faire parce qu’on ne met pas une vieille dame dans la rue comme ça, mais j’ai peur qu’une fois la trêve hivernale terminée, la police m’expulse de mon logement", se lamente-t-elle.
Pour cela, il faudrait que le préfet fasse appliquer la décision de justice. Cette éventualité n’est envisageable qu’après le passage d’un huissier de justice qui demanderait à Nicole de quitter les lieux.
"La garde à vue, c'est épouvantable"
Le 15 mai dernier au matin, Nicole avait pris en otage l’employée du bailleur social "les Chalets" qui s’occupait de l’entretien de son immeuble. L’affaire s’était réglée en quelques heures. La retraitée avait libéré l’employée puis s’était livrée de son plein gré aux forces de l’ordre. Cette grand-mère n’avait jamais eu affaire de près ou de loin à la justice. À l’âge des cures thermales et des randonnées pédestres, elle a découvert les " désagréments" de la vie de gangster.
"La garde à vue c’est épouvantable, je le souhaite à personne. Cela a duré 22 heures, cela a été particulièrement traumatisant. Sur le coup, j’en ai beaucoup voulu à la police mais après les agents n’ont pas été si méchants que ça. Le plus dur, c’était sur un matelas posé sur le sol. J’avais également peur que mon diabète me joue des tours et que je fasse une crise de glycémie", narre cette femme de 73 ans. Lorsqu’elle a été libérée par les forces de l’ordre, son fils et sa belle-fille l’ont hébergée chez eux.
"Ils m’ont interdit de retourner chez moi vu ce qui s’est passé et se sont très bien occupés de moi. Mon garçon m’a passé une soufflante en me disant que j’avais fait vraiment n’importe quoi…"
La justice n’a pas retenu la préméditation dans sa prise d’otage. Ce qui aurait largement alourdi la peine. Me Valérie Redon-Rey, avocate des Chalets mais qui n’avait pas plaidé dans cette affaire ne partage pas du tout cette vision du dossier : "Elle a agi en effet sciemment et son acte était en conséquence totalement prémédité. Elle a pris à partie une salariée de la société bailleresse en la faisant monter volontairement chez elle et en l’enfermant à double tour dans son logement, en interpellant les journalistes dont elle avait préparé les coordonnées en amont et en pointant sur la salariée un pistolet et en la menaçant pendant plusieurs heures… Elle avait totalement organisé la séquestration."
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