"Les débouchés existent!" Le Tarn, nouvel eldorado pour la culture des noisettes ?
230 hectares de noisetiers ont été plantés dans le Lauragais ces dernières années. Ces vergers ont été créés par un enfant du pays, qui travaille avec une grande marque allemande de chocolat. De quoi redessiner les paysages locaux habitués aux champs de céréales.
"Ils plantent des noisetiers partout pour faire du Nutella", explique une sexagénaire rencontrée lors d’une cérémonie de vœux à Aguts. "Ils", ce sont les Allemands. "Partout", c’est dans ce territoire du Lauragais tarnais, une terre plutôt céréalière, tournée vers le maïs, le blé, le tournesol... L'affirmation semble étonnante, et pourtant cette dame n’a pas tout faux.
Certes Hans Wiberg n’est pas Allemand. Mais avec sa grande taille et ses yeux bleus, il a de quoi dérouter plus d’un habitant du secteur. "Je suis Français, mon grand-père était Danois." Certes, ce ne sera pas du Nutella. Cet agriculteur, ingénieur agronome, est associé avec Ritter Sport, une entreprise allemande de chocolat et de confiserie dont on retrouve les tablettes notamment chez Décathlon et Lidl.
Mais, pour ce qui est des noisettes, la dame a raison. De Palleville à Poudis, avec quelques parcelles dans les communes limitrophes, ce sont 230 hectares de noisetiers qui ont été plantés au cours des quatre dernières années.
Originaire de Saint Papoul, une petite commune de l’Aude située à 40 kilomètres de Palleville, Hans le reconnaît : "J’ai toujours aimé ce pays, ces gens et ses paysages." Avec des parents paysans, il se dirige naturellement vers des études agricoles. Un diplôme d’ingénieur en poche, il travaille dans la coopération internationale pour le développement. Au Bénin, au Vietnam, au Nicaragua... C’est d’ailleurs en Amérique du Sud, dans une coopérative agricole de cacao, qu’il s’intéresse au fruit qui va souvent avec le chocolat : la noisette.
Il vise une production de 70 tonnes de noisettes
La cinquantaine venue, ce père de trois enfants, revient sur la terre de son enfance. J’ai démarché les agriculteurs qui souhaitaient vendre leur exploitation. Et c’est ainsi qu’est né le verger de noisetiers. "Je veux un domaine responsable : économiquement, socialement et écologiquement. L’irrigation se fait au goutte-à-goutte et seulement au pied de l’arbre. Entre les rangées, nous laissons l’herbe pousser, les intrants sont réduits au minimum."
Ces plantations dessinent un nouveau paysage dans le secteur. Hans en est persuadé : "C’est très positif pour la biodiversité. Nous sommes un refuge pour les oiseaux et les animaux." Un partenariat a été conclu avec l’association Arbres et paysages tarnais et déjà deux kilomètres de haies bordent le verger. Ce dernier est une réserve pour le gibier, mais Hans entretient de bonnes relations avec la fédération de chasse locale.
Sept salariés agricoles ont été embauchés sur cette propriété : " Des jeunes du pays". C’est d’ailleurs, dans la mesure du possible, avec les gens et les entreprises locales que travaille Hans Wiberg : "Aussi bien pour les machines que pour les pépiniéristes, je privilégie les sociétés autour du domaine".
Son ambition aujourd’hui n’est pas de se développer à outrance : "Peut-être 5 à 7 hectares de plus". Il vise dans les prochaines années une production de 70 tonnes de noisettes. Fera-t-il des émules dans le secteur ? "Qui sait ? Ce qui est certain c’est que le marché et donc les débouchés existent."
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