VIDEO. "J'ai fait une bêtise, c’est allé beaucoup trop loin". Le mea culpa du cafetier qui ridiculisait ses clients sur TikTok
Après la polémique suscitée par son compte TikTok, qui mettait en scène des personnes fragiles dans des situations peu flatteuses, le gérant d'un bar café d'Albi présente ses excuses et assure qu'il n'avait aucune méchanceté dans sa démarche.
Le gérant du café du Lude, dans le centre d'Albi, a créé la polémique cette semaine. Sur la plateforme TikTok, il diffusait des vidéos de clients de son bar tabac PMU, dont certains dans des situations peu flatteuses. C'est le cas notamment de personnes vulnérables ou atteintes de troubles psychiatriques, traités par la clinique du Bon Sauveur, voisine de l'établissement.
Comprenez-vous que vos vidéos ont pu choquer ?
Sur le coup, pas du tout. Mais avec le recul, oui, je le comprends. Je peux vous assurer qu'il n'y avait aucune volonté de se moquer. C'était du divertissement, rien de plus. Je passe toutes mes journées dans mon bar-tabac. On plaisante beaucoup avec les clients, qui sont des habitués, pour la plupart. J'avais envie de partager ces moments, rien de plus. Je n'imaginais pas que ça allait prendre une telle ampleur.
Comment vous est venue l’idée de ce compte?
Je ne suis pas du tout familier des réseaux sociaux. Je n'ai rien d'un influenceur. Mon fils m'a montré TikTok il y a trois semaines. Je suis tombé sur des vidéos de buralistes, qui se filmaient. Je trouvais ça rigolo, ça m'a donné envie de faire la même chose. De montrer l'ambiance du bar tabac, où l'on rigole toute la journée. Cela aurait dû rester comme ça. Un compte de 200 abonnés, où l'on partage des vidéos entre nous. Mais tout s'est emballé.
Le ton de vos vidéos était plutôt moqueur...
Je comprends qu'on puisse le voir comme ça, de l'extérieur, mais il n'y avait aucune volonté de ridiculiser. Je suis quelqu'un de léger, qui aime bien rigoler, j'ai un tempérament un peu taquin. Il y a un amalgame qui a été fait, à partir de quelques vidéos qui ne respectaient pas le fil conducteur du départ.
Le fil conducteur?
Je voulais montrer l'ambiance amusante de l'univers du bar-tabac, qui ne ressemble à aucun autre métier. On est dans le vrai. On voit la galère des gens. On côtoie une clientèle très attachante avec qui on rigole beaucoup. J'ai du plaisir dans mon travail et j'avais envie de le partager.
"J'ai mesuré à quel point les réseaux sociaux pouvaient être dangereux"
Pourquoi avoir filmé des patients du Bon Sauveur?
Là encore, on parle de trois ou quatre vidéos sur une vingtaine qui ont été diffusées. Ce n’est pas de la méchanceté. C'est la réalité de ma clientèle. Il y a une femme qui vient tous les jours me demander un verre d'eau avec un bonbon Haribo, parce qu'elle n'a pas d'argent. Beaucoup l'auraient envoyé bouler. Moi je lui donne.
La question du consentement se pose néanmoins. Êtes-vous conscient de vous exposer à des poursuites?
Je n'en sais rien. Peut-être. J'essaie d'entrer en contact avec la direction du Bon Sauveur pour leur présenter des excuses. J'aimerais également leur proposer de faire un geste, un don, même si ça n'efface rien.
Vous regrettez d'avoir créé ce compte?
Bien sûr. J'ai fait une erreur, une bêtise. C’est allé beaucoup trop loin. J'ai mesuré à quel point les réseaux sociaux pouvaient être dangereux.
À quel moment vous êtes vous rendu compte de votre erreur?
J'ai créé le compte un dimanche (le 28 janvier dernier ndlr). En une semaine, il y avait 15 000 abonnés. J'ai commencé à voir débarquer des gens qui ne faisaient pas partie des habitués. Des jeunes notamment. Je me suis demandé s'il ne fallait pas tout arrêter. Quand votre journaliste m'a appelé, le lundi, j'ai supprimé les vidéos dans la foulée. Elles n'auront été diffusées que huit jours au total.
J'ai déjà un compte
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