"Onze chiens enfermés" : exaspérés, les habitants d’un village de l’Aude accusent le maire, chasseur, de construire des chenils “illégaux”
Jamais un petit village n’aura fait parler autant de lui. Saint-Martint-des-Puits, microlocalité du massif des Corbières (Aude), est secoué par des querelles intestines qui pourraient se terminer devant le tribunal administratif. "On ne sait plus vers qui se tourner, se désespère l’un des trente habitants du village. Des plaintes ont été déposées, la préfecture de l’Aude est alertée et des constatations ont été relevées sur place mais rien ne bouge". Point de discorde : la présence d’un chenil et d’une quinzaine de chiens imposés par la municipalité sur des terrains qui ne lui appartiendrait pas. La maire est chasseur et des battues sont régulièrement organisées depuis des lustres.
Le 20 octobre dernier, des huissiers se sont déplacés pour constater l’existence de ces chenils en pleine pinède, sur des terrains détenus par deux sœurs, dont une placée sous curatelle, et qui ne vivent pas dans le village. Sur place, le commissaire de justice mandaté relève une situation plus qu’inquiétante : "Onze chiens enfermés sur ce site, de races différentes ; présence de différentes gamelles souvent posées à l’envers ; émanation d’une forte odeur d’urine et d’excréments d’animaux ; aucun tuyau d’arrosage pour un nettoyage intense ; le sol en terre de certains box est couvert d’excréments ; plusieurs tas de détritus métalliques ou autres encombrants abandonnés derrière une caravane".
"Des chiens à distance réglementaire"
À la suite de ce procès-verbal de constatation, la curatrice de l’une des propriétaires enjoint le maire, Henri Rivière, de libérer “expressément les lieux” sous peine de saisir les autorités judiciaires. Dans ce courrier daté du 14 décembre 2023 et que nous nous sommes procuré, la mandataire judiciaire de la propriétaire dénonce “une occupation illégale de la parcelle” (répertoriée A216 sur le cadastre). Elle précise dans ce courrier, “cette occupation génère d’importants troubles anormaux de voisinage”.
Malgré les actions engagées, les habitants exaspérés ne constatent aucun changement. Et s’étonnent qu’un maire "puisse à ce point s’exonérer d’une réglementation qu’il est censé connaître et faire appliquer à l’ensemble de ses administrés, dont lui-même".
Contacté, le maire de Saint-Martin-des-Puits, issu d’une famille de chasseurs, se dit agacé par les polémiques récurrentes. "Cette affaire est classée depuis 2021, les chiens sont à distance réglementaire et une partie de ces parcelles m’appartiennent", argue Henri Rivière, coupant court à tout échange. Une réponse qui ne semble pas satisfaire la partie adverse. La propriétaire de la parcelle prétend n’avoir jamais été avisée par la mairie d’un quelconque accord sur un terrain lui appartenant. Il y a trois ans déjà, sous la pression des riverains, la mairie a déplacé les chiens enfermés dans des cages pour limiter les nuisances. Mais l’affaire est loin d’être réglée.
J'ai déjà un compte
Je me connecteVous souhaitez suivre ce fil de discussion ?
Suivre ce filSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?