DOSSIER. Investisseurs, concurrence déloyale... Y a-t-il trop de locations Airbnb à Toulouse ?
Certains secteurs de l’hypercentre toulousain sont envahis par les locations de courte durée. Elles sont 5 200 en ville. La métropole fait la chasse aux spéculateurs.
« Dans mon immeuble, les boîtiers qui contiennent les clés des logements sont sur les portes, c’est facile de les compter ! Il y en a six rien que dans ma cage d’escalier… » Cet habitant de la rue des Lois, à 30 m seulement de la place du Capitole, n’est pas un cas isolé.
Des quartiers prisés des touristes, avec beaucoup de locations
Les quartiers prisés des touristes à Toulouse, Carmes, Daurade, Capitole, Chalets sont parfois submergés de ces petits boîtiers à codes. Et cela ne semble pas diminuer. « J’en ai vu apparaître encore dans la rue Etroite, la rue des Blanchers », témoigne cette habitante de la Daurade.
Jusqu'à 9000 annonces référencées en 2016...
Alors, y a-t-il vraiment plus de locations de type Airbnb, de courte durée qu’avant à Toulouse ? Eh bien non, selon la Métropole, pour qui ce phénomène est en train de se stabiliser. Ainsi en 2016, au moment de la mise en place de la déclaration obligatoire en mairie, on a compté jusqu’à 9 000 annonces actives, sur sept plateformes principales (Airbnb, Booking, Leboncoin, Abritel, etc.).
...Et "seulement" 5200 fin 2023
Après la mise en place de cette déclaration, ce chiffre est tombé à 7000, puis à 5 200 ces derniers mois. En 2022 et 2023, la Métropole a instauré un système de contrôle, limitant le nombre de locations à une résidence principale (limitée à 120 jours par an), et deux biens supplémentaires.
Un système de régulation mis en œuvre
Au-delà de ces biens autorisés, et qui doivent être déclarés en mairie, un système de compensation a été adopté. Pour un bien mis en location courte durée, un autre bien (bureau, commerce) doit être transformé en logement, dans le même quartier. Et ce, pour éviter que certains n’abusent en mettant un nombre élevé de biens sur le marché de la courte durée, au détriment des locations classiques.
450 "investisseurs", dont une quinzaine qui mettent plus de 10 appartements ou maisons en ligne
Ces « investisseurs » de la courte durée sont 450 sur les 5 200 annonces actives, dont « une quinzaine à posséder plus de dix biens à Toulouse, mis en ligne sur les différentes plateformes », selon Jean-Claude Dardelet, le vice-président de la métropole en charge de l’attractivité et du tourisme.
"Concurrence déloyale vis-à-vis de l'hôtellerie"
« C’est une concurrence déloyale vis-à-vis de l’hôtellerie, car ils n’ont pas les obligations, les normes et la fiscalité », ajoute l’élu. Il précise que le système de compensation obligatoire est entré en vigueur il y a plus de trois mois, en novembre 2023, « donc nous allons passer à une phase de régularisation, avec des courriers aux syndics, aux gestionnaires de SCI, aux notaires pour que tout cela rentre dans l’ordre ».
"Besoin" d'avoir des locations touristiques, en complément des hôtels
La « pression » des locations de courte durée sur le marché locatif semble « régulée », selon la métropole. Qui estime que l’agglomération a besoin de ces meublés de tourisme. « Ils sont complémentaires de l’offre hôtelière, et d’ailleurs les hôtels bénéficient aussi de la clientèle type Airbnb, qui après une première visite de la ville dans ces locations, pourra aussi fréquenter les hôtels par la suite ».
Les meublés, gîtes et hôtels représentent 12 000 chambres dans l’agglomération, permettant l’accueil de 45 000 personnes, « pour absorber les pics de fréquentation lors de grands événements, comme la Coupe du monde de rugby. »
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