"Je t'ai cherchée pendant si longtemps" : des jumelles séparées et vendues à la naissance se retrouvent grâce à une vidéo Tiktok
Amy et Ano sont de vraies jumelles d'origine géorgiennes, séparées et vendues à la naissance. Leurs retrouvailles, en 2021, tient à leur passion commune pour la danse qui leur a permis de prendre contact grâce au réseau social Tiktok. Elles cherchent aujourd'hui à faire la lumière sur leur histoire.
Amy et Ano sont des jumelles nées en Géorgie. Adoptées par des familles différentes juste après leur naissance, elles n'ont jamais rien su de leur histoire et se sont retrouvées grâce à une passion commune : la danse et la musique, rapporte la BBC.
Retrouvée grâce à TikTok
En 2012, lorsque Amy découvre Ano dans l'émission" Georgia's got talent" (l'équivalent géorgien de "La France a un incroyable talent"), elle trouve la ressemblance frappante, mais sa mère l'explique en évoquant la possibilité d'un sosie. Sept ans plus tard, l'adolescente poste une vidéo d'elle sur le réseau social Tiktok. C'est alors qu'une amie d'Ano la repère et lui montre le petit film. Grâce à un groupe de messagerie, les deux jeunes filles entrent en contact : "Je t'ai cherchée pendant si longtemps" avoue Amy. Ce à quoi Ano répond : "Moi aussi."
Elles apprennent à se connaître et trouvent beaucoup de points communs troublants, avant de confronter leurs familles respectives qui finissent par admettre les avoir adoptées. Lorsqu'elles se sont rencontrées en chair et en os, le doute n'était plus permis tellement elles se ressemblaient.
Elles ont entrepris de rechercher leur mère biologique et se sont inscrites sur un groupe Facebook où elles ont fait la connaissance d'une jeune fille. Cette dernière leur a raconté l'histoire de sa mère qui avait donné naissance à des jumelles dans la maternité de Kirtskhi, où elles-mêmes été nées. Des tests ADN ont révélé que la fille du groupe Facebook était leur sœur et qu'elle vivait avec leur mère biologique, Aza, en Allemagne. Les jumelles ont fini par rencontrer leur génitrice avec qui elles gardent désormais contact.
100 000 adoptions illégales entre 1950 et 2005
Le groupe Facebook utilisé par les jumelles, Vedzeb, ("Je cherche" en géorgien") a été créé par la journaliste Tamuna Museridze en 2021, lorsque celle-ci a compris qu'elle avait été adoptée après le décès de sa mère. Elle souhaitait initialement rechercher sa propre famille, mais le groupe a pris de l'ampleur. Vedzeb compte actuellement près de 230 000 membres, tous à la recherche d'un parent ou d'un enfant.
"L'ampleur du phénomène est inimaginable, détaille la journaliste, jusqu'à 100 000 bébés ont été volés. Il s'agissait d'une pratique systémique." De 1950 à 2005, des dizaines de milliers de bébés géorgiens ont été adoptés par familles étrangères, aux États-Unis, en Russie ou en Ukraine. Sur le réseau social, les témoignages de parents à qui les équipes médicales ont annoncé "le décès" de leur nouveau-né se multiplient.
En 2022, le gouvernement géorgien a lancé une enquête sur le trafic historique d'enfants. Toutefois, les cas d'enfants vendus sont "très anciens et les données historiques ont été perdues". Certaines maternités comme celle de Kirtskhi ont fermé. Les tentatives de la BBC d'obtenir des informations auprès du gouvernement géorgien n'ont pas abouti "en raison de la protection des données".
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