REPORTAGE. "Dis bien le -e à la fin de une" : au cœur d'un cours de français proposé aux migrants par le Secours populaire
Au-delà d’une aide administrative et alimentaire, le Secours populaire d'Auch propose des cours de français aux migrants, quel que soit leur parcours et leur niveau. Reportage.
Alpha est le premier à entrer dans la salle, suivi de près par trois autres de ses camarades de classe du jour. Ils s'installent autour de la table, échangent quelques mots dans un français hésitant et se préparent pour leur cours. Pierre leur distribue alors trois photocopies d'un livre de Français langue étrangère : "Aujourd'hui, on va revoir les verbes avoir et être".
Le bénévole du Secours populaire d'Auch dispense, une à deux fois par semaine, des cours aux migrants accompagnés par l'association. Ce vendredi matin, lui qui travaillait dans la télévision, accueille dans sa classe cinq habitués. Et alterne entre le français et l'anglais pour échanger avec ses élèves. "You have to fill the empty space" ("Vous devez remplir les trous", NDLR). Alpha, jeune Afghan arrivé en France il y a 11 mois, avance plus rapidement que ses camarades et, en les attendant, dessine un papillon à l'arrière de l'une des feuilles.
Pierre, quant à lui, s'approche à tour de rôle de ses étudiants et vérifie leurs réponses en leur faisant lire les phrases : "Dis bien le -e à la fin de 'une', pour qu'on comprenne que c'est du féminin", précise-t-il à Hagigul, arrivé d'Afghanistan il y a sept mois. Christian, Bright et Femi, tous trois Nigérians, sont eux en France depuis bientôt quatre ans. S'ils comprennent plutôt bien le français, c'est sur la grammaire que cela coince un peu plus. C'est pourquoi, ils prennent part à ses cours, en plus de leur engagement comme bénévole pour le Secours populaire.
Un accompagnement qui dure
Comme le signale en effet Christiane, trésorière de l'association, plusieurs personnes migrantes participent à l'action de l'organisation en devenant, tout en étant accompagnées, bénévoles. "Souvent, elles apprennent très rapidement le français. On a eu récemment de très belles réussites d'intégration avec plusieurs familles dont les parents désormais travaillent et ont pu louer un appartement".
Car l'enseignement de la langue et l'aide aux devoirs pour les plus jeunes ne sont pas les seules actions menées par le Secours populaire pour l'accompagnement des migrants. En œuvrant en réseau avec le Cada, le 115, Regar et Les Collectifs, il apporte une aide pour les démarches administratives, sur le plan alimentaire et parfois financier, précise Raymond : "Notre maître mot, c'est l'accueil inconditionnel". "Nous essayons de créer une atmosphère familiale et chaleureuse", ajoute Christiane.
Une convivialité qui se ressent aussi pendant la classe. Une vingtaine de minutes avant la fin du cours, Pierre propose de passer à un exercice de vocabulaire sur les adjectifs, leur accord masculin-féminin et leur contraire. "L'opposé de triste ?", questionne l'enseignant avant d'écrire "heureux" au tableau. "Et le contraire de gros?", "Mince", répond immédiatement Alpha. "C'est pareil que quand on dit "Ah mince" ?", demande alors Bright, avant que la classe ne se sépare et se donne rendez-vous la semaine suivante pour un nouveau cours, non pas sans se voir confier quelques devoirs à faire à la maison.
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