Manifestation des agriculteurs : victimes d'une tentative de sabotage, ceux qui bloquent l'A64 plus déterminés que jamais
Les agriculteurs qui ont pris possession d’une section stratégique de l'A64 ont subi une tentative de sabotage. Cet incident a renforcé leur détermination de faire plier le gouvernement.
Le camion-citerne d’un exploitant agricole déverse des hectolitres d’eau sur le mur de foin qui barre l’A 64 en direction de Tarbes. La DIR Sud-Ouest a dispersé les bottes de paille incendiées afin d’éviter que le feu ne se propage.
Ce 22 janvier, quelques heures avant le lever du soleil, un ou des individus non encore identifiés ont mis le feu aux balles de foin. La banderole d’entrée du camp où on pouvait lire : "Ici commence le pays de la résistance" est partie en fumée.
"Sur le moment, on était un peu abattus mais rapidement ça s’est transformé en colère. Et on s’est tous dit que si des gens en arrivaient à de telles extrémités, c’est que l’on visait juste. En fait, ce sabotage n’a fait que renforcer notre détermination", confie Joël Tournier, l’une des têtes pensantes du blocage.
Il jette un regard sur ses camarades de lutte : "Je rencontre des gars qu’on ne voyait jamais avant dans les manifs. C’est la preuve qu’il s’agit d’un mouvement de fond. Les agriculteurs occitans refusent de mourir."
"On fait de l’ombre à ce gouvernement parisien
qui nous a méprisés"
Au-dessus de sa tête, neuf mannequins pendus par le cou sont suspendus sur le pont surplombant l’autoroute. Toutes les douze heures, les manifestants en rajoutent un. "Cela représente le suicide de l’un des nôtres. Chaque jour en France, deux agriculteurs se suicident dans notre pays parce qu’ils n’en peuvent plus ! Cette situation doit prendre fin," martèle Jean-Benoît, occupé à réchauffer la soupe préparée par une retraitée de Carcassonne. Il est sur le barrage depuis jeudi, c’est l’un des premiers à avoir suivi Jérôme Bayle, le leader charismatique du mouvement.
Debout sur une chaise en plastique, il galvanise ses soutiens : «Tous les agriculteurs des départements d’Occitanie sont sur le terrain. Je le dis et je le répète, la terre est en train de se réveiller. On entend parler de Carbonne à l’international. On fait de l’ombre à ce gouvernement parisien qui nous a méprisés pendant tant d’années. Ils veulent jouer et maintenant, je joue avec eux." Tonnerre d’applaudissements.
Il poursuit : "Ce matin, Sébastien Vincini, le président du département, est venu ici. On a pu lui parler de la situation catastrophique de l’agriculture en Haute-Garonne. C’est inadmissible qu’ici, avec les terroirs qu’on possède, on ne fournisse pas les 55 000 repas journaliers aux collégiens du département. Je lui ai dit : Sébastien, fais manger correctement nos enfants de la viande d’ici engraissée chez nous."
Lucien, 86 ans, savoure. L’exploitant agricole à la retraite, domicilié à Laffite-Vigordanne est "venu voir les copains" : "L’État et nos instances récoltent ce qu’elles ont semé ! En cinquante ans ici, je n’ai jamais vu une telle mobilisation. Trop de fermes ne sont pas reprises. Il faut arrêter l’hémorragie et que les agriculteurs soient rétribués à des niveaux décents."
Tous sont prêts à maintenir les barrages tant que Gabriel Attal n’aura pas sorti le "carnet de chèques".
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