Un résident de 91 ans insulté et malmené dans un Ehpad toulousain : enquête ouverte pour "maltraitance sur personne vulnérable"
l’Ehpad L'Ecuyer du groupe privé DomusVi à Toulouse. Ce sont des enregistrements réalisés par la fille d'un résident de 91 ans, insulté par une aide-soignante, qui ont déclenché les poursuites. La plaignante sera entendue au commissariat de Tournefeuille, ce mardi.
La persévérance et un brin d'ingéniosité ont fini par payer. Juliette Loore, la fille d'un résident de l'Ehpad l'Ecuyer dans le quartier de la Cépière à Toulouse, a en tout cas dû s'employer pour se faire entendre de la justice au prix d'un stratagème digne de " Mission impossible". C'est en effet en plaçant un enregistreur audio dans la chambre de son père de 91 ans qu'elle a finalement eu la confirmation des dysfonctionnements qu'elle soupçonnait au sein de l'établissement, et qu'elle a obtenu de haute lutte l'ouverture d'une enquête préliminaire pour "maltraitance sur personne vulnérable".
Le procureur de la République de Samuel Vuelta-Simon a annoncé, ce lundi, que la procédure avait été ouverte au mois de décembre, deux mois après la plainte par lettre recommandée déposée, début octobre, par Juliette Loore. Sans nouvelle de sa démarche, celle-ci avait envoyé un mail le 17 novembre au parquet et a finalement été contactée ce lundi par la justice pour apprendre qu'elle serait entendue ce mardi au commissariat de Tournefeuille.
Des insultes et une gifle...
L'occasion pour elle de fournir les cinq extraits sonores qu'elle a récupérés et qui ne laissent pas de doutes sur les mauvais traitements subis par son père. Sur la bande-son les insultes d'une aide-soignante pleuvent sur son père : " Espèce de bâtard, connard, pervers..." ou encore "Tu me fais chier. En plus, tu as de la merde partout". "Il y a même eu aussi au moins une gifle, s'indigne Juliette Loore. J'ai vraiment découvert à ce moment-là, la réalité de ce qu'il vivait au quotidien".
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Ironie de l'histoire, il a fallu recourir à ce procédé insolite pour casser ce qu'elle appelle "la loi du silence" et quelques articles dans la presse... Outre des courriers à la direction de l'Ehpad de l'Ecuyer, l'association "TouchepasMesVieux" avait alerté le ministère des Solidarités, l'agence régionale de santé (ARS) Occitanie et sa délégation départementale de l'ARS. "Nous n'avons alors jamais obtenu de réponse, ce qui est scandaleux, assure Juliette Loore. Les familles sont démunies , quand elles ne sont pas tout simplement mises en cause si elles persistent dans leurs demandes"
Une enquête interne du groupe Domus Vi
Pauline Blondon, la directrice de Région Occitanie de Domus Vi, a déjà lancé une enquête interne à l'établissement de la Cépière en indiquant que la résidence n’avait pas connaissance des faits rapportés sur les enregistrements. « Le bien-être de nos résidents est notre priorité absolue et nous avons immédiatement lancé une enquête interne pour faire la lumière sur ces faits, a-t-elle expliqué. Nous réfutons toute accusation de maltraitance structurelle. Sur ce cas précis, nous avons en effet été alertés en octobre dernier par l’Agence régionale de Santé (ARS) qu’une plainte avait été déposée, sans que nous ne puissions faire de rapprochement avec ce cas, compte tenu du secret de l’instruction, nous n’avons eu aucune précision sur les fondements de cette plainte ni sur ses causes précises. Une inspection inopinée de l’ARS a eu lieu récemment mais nos échanges de débriefing avec l’ARS n’ont pas comporté d’alerte particulière ». Cette fois, la justice va pouvoir vérifier qu’il y avait pourtant quelques raisons de s'inquiéter.
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