ENTRETIEN. Piscines : pour éviter la noyade des enfants, un Lotois a inventé une alarme unique
Guy Berwart, un ingénieur Lotois, a fondé son entreprise "Dolphi Sonus", à Masclat (près de Gourdon). Son concept : une alarme unique, basée sur un système sonar passif, pour détecter la chute d'enfants dans les piscines. Sa motivation : prévenir les noyades des tout-petits.
Pourquoi avoir créé votre entreprise "Dolphi Sonus" ?
Il y a 10 ans, une petite fille de 4 ans, membre de ma famille, est tombée dans la piscine et a failli se noyer. Ses parents étaient à côté de la piscine, et prenaient un verre avec des amis. Le bassin était sécurisé et il y avait une alarme. Ma femme m'a demandé : "Tu es un ingénieur. Peux-tu faire quelque chose pour éviter ça ?". Mon but est, avant tout, de sauver la vie des enfants. En 2022, 251 petits sont décédés par noyade dans des piscines privées. C'est beaucoup trop.
Parlez-nous de votre innovation.
Nous avons développé une alarme capable de détecter la chute d'un enfant dans la piscine. Pour cela, nous avons utilisé la technologie "Sonar Passif". C'est l'analyse des fonds marins, comme les sous-marins qui écoutent l'approche d'un bateau ou les océanographes qui écoutent les baleines ou les dauphins. Nous avons combiné cela avec un algorithme unique basé sur l'intelligence artificielle pour détecter la signature très particulière d'un enfant qui tombe dans l'eau. Quand la machine détecte un enfant qui chute, cela active une alarme en moins de deux secondes.
Comment cela fonctionne-t-il ?
Il y a un capteur à installer sur le mur de la piscine. Ce dernier est équipé d'un hydrophone au bout du tube pour le maintenir sous l'eau. Ce capteur surveille en permanence les bruits de la piscine et envoie ces données à une tablette dédiée installée proche de l'outil. Il est possible de contrôler le système via l'écran de la tablette, ou depuis un smartphone.
En quoi cette alarme est différente des alarmes classiques ?
Les alarmes à détection de vagues ne sont pas suffisamment efficaces. Il y a trop d'erreurs, et c'est beaucoup de dérangement pour les voisins. Notre alarme est le complément parfait pour surveiller une piscine, équipée d'une barrière ou d'un enrouleur automatique. Ces deux protections ne se suffisent pas à elles-mêmes. Par exemple, les parents ne ferment pas le toit quand ils vont à la cuisine récupérer quelque chose, alors que c'est là qu'il peut y avoir un accident. Il ne faut pas oublier que, peu importe le système de sécurité, les enfants doivent rester sous la supervision d'adultes lorsqu'ils sont dans la piscine.
Votre entreprise est basée dans le Lot, mais vous ne commercialisez pas en France. Pourquoi ?
En France, il y a un décret de loi, paru le 16 juillet 2009, qui impose les critères d'éligibilité de ce genre d'alarmes pour les piscines. L'un d'eux : le matériel doit être testé par un laboratoire spécifique. Le problème, c'est qu'il n'y en a plus en France. Nous ne voulons pas prendre le risque de laisser des Français acheter notre matériel sans qu'un laboratoire n'ait étudié notre demande. Alors, nous avons fait le choix d'exporté aux États-Unis.
Cette semaine, vous avez participé au salon CES (Consumer Electronics Show), de Las Vegas, accompagné par l'agence régionale AD'OCC. Qu'est-ce que cela vous apporte ?
Il y a beaucoup de visiteurs lors de ces salons. Des gens de tous les pays du monde sont intéressés par notre alarme. On y est allés surtout pour trouver des distributeurs aux USA. Il y a aussi beaucoup de représentants de la french tech. Tous sont dépités quand on leur annonce qu'on ne peut pas le vendre en France. On espère pouvoir le faire un jour.
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