À Pamiers, seules trois rues portent les noms de femmes célèbres
Les rues de notre ville portent la moustache, souvent martiale, et ça ne date pas d’hier. À Pamiers, comme ailleurs, la parité a encore des kilomètres de bitume à parcourir: sur les trois cents artères (environ) qui parcourent la cité des Trois-Clochers, - fièrement érigés au-dessus des toits, et qui n’ont rien de très féminin on en conviendra - une cinquantaine portent le nom d’hommes politiques, de militaires ou d’artistes. Et «seulement trois rues portent des noms de femmes célèbres», a fait justement remarquer l’élu d’opposition Daniel Mémain (Pamiers Citoyenne), lors du dernier conseil municipal.
Paul et Jean, encore des hommes
Les élus étaient appelés à valider, lors de cette session, trois nouveaux noms de baptêmes : avenue du chasselas, et rues Paul-Maes et Jean-Vigneron(1).
«Ce que l’on ne nomme pas n’existe pas, a rappelé l’élu d’opposition. Vous faites preuve d’un manque d’imagination et de volontarisme dans ces choix, qui ne sont pas très progressistes. Pourtant, les personnalités féminines ne manquent pas. Nous vous avions proposé ceux de Françoise Matricon et de Claire Lacombe, mais vous ne les avez pas retenus».
Piquée au vif, Frédérique Thiennot, maire, n’a pas aimé être prise en défaut de féminisme militant, et a répliqué: «Vous connaissez mon souci en matière de parité, a-t-elle répondu. Le problème, c’est que nous avons choisi des chefs d’entreprise appaméens et que, malheureusement, je n’ai pas trouvé beaucoup de noms de chefs d’entreprise féminins qui aient leur renommée».
La parité au point mort
La parité n’aura donc pas avancé d’un millimètre dans les rues de notre ville, et pourtant, il existe des femmes qui ont marqué son histoire. C’est le cas, effectivement, de Claire Lacombe : née en 1765 à Pamiers, actrice, révolutionnaire et féministe.
C’est une battante : le 25 juillet 1792 elle prononce un bref discours à la barre de l’Assemblée nationale et déclare: « Née avec le courage d’une Romaine et la haine des tyrans, je me tiendrais heureuse de contribuer à leur destruction». Elle fait partie des Républicaines révolutionnaires, combat par l’arme et le verbe, mais, pourchassée, elle devra fuir la capitale.
En politique, toujours, citons Colette Malick, première femme à siéger au conseil municipal de Pamiers, sous l’autorité du docteur Rambaud, ancien résistant. C’était en 1941. Dans le monde économique, c’est incontestablement Gabrielle Abat qui a ouvert la voie.
En 1848, la fille unique de l’entrepreneur Théogène Abat prend les rênes de «l’usine».Elle lance un important programme de modernisation. En 1857, elle restructure les ateliers et fait construire les premiers hauts fourneaux d Ariège
La renommée de la "cigale de Pamiers"
Côté littérature s’impose la figure de Marguerite Coustard, née en 1870, poétesse de langue occitane dont la renommée fut considérable, et qui a écrit un poème lu lors de la visite, à Pamiers, de Delcassé. Célèbre au début du XXe siècle, on la surnommait la «cigale de Pamiers». Le président du Cercle occitan de Pamiers, Daniel Pédoussat, lui a d'ailleurs consacré un livre, voici quelques années, sous ce titre.
On peut citer encore Pauline Fourès, née en 1778, peintre, romancière et musicienne, connue pour avoir été la compagne illégitime d’un certain Napoléon-Bonaparte, le temps d’une campagne militaire. Une femme à la vie romanesque, mariée plusieurs fois, et qui a fait fortune dans le commerce du bois, au Brésil. Ou encore la pianiste Caroline Montigny-Remaury, l’actrice Maud Richard, la productrice Blanche Guichou...
Des Appaméennes célèbres, mais parfois oubliées, il y en a sûrement d’autres. N’hésitez pas à nous écrire !
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