Injures, menaces, dégradations : la mairie de Lisle-sur-Tarn excédée par les nuisances liées au Relais de Montans
Les problèmes de gestion au Relais de Montans, qui sert notamment de centre d'hébergement d'urgence pour les plus précaires, touchent aussi la commune voisine de Lisle-sur-Tarn. La mairie a été obligée d'embaucher temporairement un agent de sécurité privée et vient de mettre en place un cahier de doléances destiné à la population.
"Qu'est-ce qu'on attend ? Qu'il y ait un accident ou quelque chose de plus grave ?". Maryline Lherm, maire de Lisle-sur-Tarn et vice-présidente du conseil départemental, tire la sonnette d'alarme. L'élue s'inquiète de la "montée en puissance" des incivilités sur sa commune, qui seraient l'œuvre de plusieurs individus issus du Relais de Montans.
Le dernier épisode en date remonte au 28 décembre, lorsqu'un homme alcoolisé a pris à partie l'employée de l'accueil mairie en faisant le tour du comptoir "de façon menaçante". "Un employé municipal qui était sur la place Paul Saissac est rapidement intervenu, il a compris qu'il allait se passer quelque chose", détaille Maryline Lherm. "Le personnel ne se met pas en retrait et on les remercie. Mais ils sont dans l'angoisse et nous sommes obligés de prendre des précautions pour les protéger".
Plusieurs mesures ont déjà été prises par la ville : la fermeture de l'accueil mairie le samedi matin, pour ne pas laisser un personnel seul dans le bâtiment, la mise en place de la vidéoprotection sur la place des Arcades ou encore l'embauche d'un agent de sécurité privée cette semaine pour pallier l'absence de l'unique policier municipal de la commune, parti en congés. Le petit bâtiment à côté de La Poste qui sert de "boîte à livres" a par ailleurs été fermé temporairement car "ces personnes se logent à l'intérieur et se chauffent en brûlant les livres".
Cahier de doléances
Plusieurs habitants de Lisle-sur-Tarn se plaignent aussi auprès des élus d'un fort sentiment d'insécurité. Comme cette dame poursuivie le 20 décembre dernier sur la place des Arcades par un homme alcoolisé et son chien alors qu'elle regagnait sa voiture. Tout au long du mois de janvier, un cahier de doléances est ainsi mis à la disposition des habitants au sein de la mairie. L'objectif est de faire remonter "au plus haut niveau de l'Etat" ce que "vit la population au quotidien".
Maryline Lherm reconnaît que "la gendarmerie fait son travail" mais selon elle le pouvoir de police du maire est de plus en plus difficile à exercer à Lisle-sur-Tarn, du fait des problèmes rencontrés par le Relais de Montans. Cette association sociale et solidaire, installée à la sortie de la commune, sert notamment de centre d'hébergement d'urgence pour les plus précaires. Elle a été placée sous administration provisoire par la préfecture du Tarn en octobre dernier suite à une série de dysfonctionnements relevés par les services de l'Etat.
Refus de "stigmatiser" une population
Pour l'élue de Lisle-sur-Tarn, le problème qui touche sa commune est lié à l'évolution des missions de la structure, qui "intègre aujourd'hui des personnes avec des profils particuliers, notamment des profils psychiatriques ou d'addiction". Elle demande à l'Etat "de prendre ses responsabilités", soit en déplaçant la structure "sur un site moins urbanisé", soit en mettant "les moyens nécessaires pour gérer les flux extérieurs".
Maryline Lherm refuse néanmoins de "stigmatiser" une population particulière et rappelle aussi l'importance de la réinsertion par le travail. "Nous jouons le jeu puisque nous avons un marché avec le Relais de Montans pour l'entretien d'une partie des espaces verts de la commune". "Tout le monde est de bonne volonté, on sent bien que ce sont les moyens qui manquent", ajoute-t-elle.
La direction du Relais de Montans plaide de son côté pour le maintien de l'ensemble des missions de la structure sur le site actuel. "Avec un peu plus de moyens financiers de l'Etat pour améliorer quantitativement et qualitativement l'accueil, et quelques travaux d'aménagement, le Foyer a toute sa justification", assurait le directeur par intérim Pascal Neel à La Dépeche du Midi en octobre dernier.
Après la mise sous administration provisoire de la structure, un appel à manifestation d'intérêt a été lancé fin décembre par les services de l'Etat pour reprendre l'ensemble des dispositifs gérés par le Relais de Montans. S'il est fructueux, le choix du nouvel opérateur devrait être connu d'ici fin février.
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