Vente de cartouches de chasse chez les buralistes : un pétard mouillé ?
Depuis le 1er janvier 2024, les buralistes ont l’autorisation de vendre des cartouches de chasse, sous réserves de conditions à remplir. Mais de la théorie à la pratique, il y a loin. Et les avis en Tarn-et-Garonne sont très partagés.
L’idée a émergé cet automne, et elle est vite devenue concrète. À partir du 1er janvier 2024, les buralistes sont autorisés à vendre des cartouches de chasse, sous réserve d’un agrément préfectoral et de deux jours de formation. A priori du bonus pour les buralistes, qui voient depuis des années leur assortiment s’élargir au-delà du traditionnel bouquet bar-tabac-PMU-presse-jeux. Sauf que… rien n’est prêt. Aucun des 103 buralistes du Tarn-et-Garonne ne distribue à ce jour la moindre cartouche, sinon à cigarettes !
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« On est dans un flou réglementaire, réagit Sophie Andrieu, commerçante à Albias, et présidente de la confédération départementale des buralistes. Nous, on n’a rien demandé, ce droit nous a été octroyé par le ministère, et pour l’heure on reste dans l’expectative ».
" Un flou réglementaire "
Au niveau national, des tests sont annoncés. Les Pyrénées-Atlantiques ont été choisies. « En attendant, continue Sophie Andrieu, la première réaction de certains de nos adhérents est plutôt dubitative. Ils pointent d’abord une source de tracas nouveaux. Du point de vue administratif, il faudra se soumettre aux tests d’usage (enquête psychologique, moralité), mais ça, on a l’habitude. Du côté logistique, la manutention, le stockage, la sécurité, sans doute un coffre-fort, tout cela n’est pas anodin. Sans compter les risques accrus de cambriolages, voire de braquages. D’autres diront avec raison qu’ils n’y connaissent rien. C’est quand même un produit particulier ».
Un accueil meilleur à la campagne
Cette position prudente, « mais pas fermée », a des nuances géographiques. Hier matin, il suffisait de faire 20 ou 30 km au-delà de Montauban pour recueillir des avis disons plus accueillants, même si tous s’accordent à regretter « un manque d’informations (quelles munitions, quel type de formation ?) », ou « encore un truc qui vient d’en haut ».
En zone rurale, de Réalville à Saint-Antonin, en passant par Nègrepelisse ou Caylus, on se dit « pourquoi pas ? ». « Ici, c’est un coin de chasseurs, on les connaît bien, ils peuvent trouver un intérêt d’acheter des munitions en proximité, plutôt que de faire des kms pour trouver un armurier », avance la gérante de l’établissement de Caylus. Dans le Tarn-et-Garonne, alors qu’il y a quelque 6000 chasseurs, les armureries stricto sensu ne pullulent pas
« Ce n'est pas un endroit pour vendre des cartouches »
Une à Montauban, qui « ne se prononce pas », une à Moissac (lire ci-dessous), une à Valence d’Agen, une à Caussade. Mais il suffit d’entrer dans un de ces commerces, et de voir les pyramides de cartouches de touts types pour se convaincre que la chasse est une affaire d’amateurs éclairés. « En outre, dit un débitant de Nègrepelisse, ce sera sur volontariat, certains buralistes vont le faire, d’autres non. On vend déjà tellement de choses… ».
À Réalville, l’établissement relève presque d’un magasin général, avec un large espace épicerie, la borne Compte Nickel, les jeux, et bien sûr le mur à tabac. « Vous savez, indique l’employée, on n’a pas forcément besoin d’avoir des autorisations pour pouvoir vendre tel ou tel produit. On préférerait que le gouvernement arrête d’augmenter le prix des cigarettes, ou qu’il mette fin au trafic. Et dans la région, il y en a ! ».
À Saint-Étienne-de-Tulmont, en discutant le coup avec des habitants, on a entendu des avis plus que mitigés : « Vous pensez que c’est un endroit pour vendre des cartouches ? Et demain des armes ? », s’indigne une retraitée, tandis que son conjoint, plus mesuré et lui-même « ancien chasseur », considère que « la vente de munitions chez les buralistes est un plus qui peut aider le maintien de ces commerces tout à fait essentiels ».
Du côté de la Fédération des chasseurs du Tarn-et-Garonne, le président Thierry Cabanes juge la mesure « inutile » et de surcroît mauvaise pour l’image de la chasse. « On va faire croire que n’importe qui peut acheter des munitions comme on va acheter des cigarettes ». Hier soir, la préfecture faisait savoir que « le dispositif se met en place progressivement ». Il concerne les munitions de catégorie C (chasse) et D (munitions variées). « Et il faudra posséder un permis de chasse à jour pour les acheter ».
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