Affaire Chalureau : "Les bougnoules, les boucaques, j'ai trop entendu ces mots-là !" Yannick Larguet livre un témoignage sur le racisme dans le rugby
"Tout le monde sait mais personne n'agit." L'ex-joueur, notamment passé par Agen, Colomiers et Castanet, et frappé par Bastien Chalureau en 2020, pointe des faits de racisme qui selon lui, sont en augmentation sur les terrains de rugby.
Il dénonce une certaine hypocrisie, au sein du rugby français, sur la question du racisme. Yannick Larguet (43 ans), ancien joueur professionnel, notamment passé par les clubs d'Agen, de Colomiers ou encore de Castanet, est l'un des hommes violemment frappé par Bastien Chalureau, le 31 janvier 2020 à Toulouse, au sortir d'une soirée.
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Ce mardi 21 novembre, il livre un entretien au journal L'Equipe, près d'une semaine après que le joueur du XV de France a été jugé en appel pour violences et injures racistes (8 mois de prison avec sursis requis, décision mise en délibéré au 16 janvier). Bastien Chalureau a, ce jour-là, été au centre d'une bagarre lors de laquelle se trouvait Yannick Larguet et Nassim Arif (ex-joueur franco-marocain). Chalureau aurait aussi lancé : "Ça va les bougnoules ?", ce qu'il réfute.
Yannick Larguet, lui, maintient sa version : "Quel intérêt pour moi de tout inventer ? Quel intérêt ? " lance-t-il "Mon fils jouait au Stade Toulousain à l'époque des faits, le club l'a pris en charge, il ne voulait plus aller à l'entraînement, il était traumatisé et avait peur de croiser cette personne sur les terrains. "Papa, est-ce qu'il va me frapper ?'' Le responsable de la formation, Yoann Faure, a été fabuleux, il a créé une cellule autour de l'enfant pour le remettre en confiance."
"Attrapez-le, le négro !"
Larguet poursuit en insistant sur le rôle joué, alors, par le président du Stade Toulousain : "Didier Lacroix, le président, m'a appelé rapidement le lendemain pour prendre des nouvelles, il était en vacances à l'étranger. Il a pris très au sérieux cette affaire en me consacrant régulièrement de son temps à cette période. Mais il ne m'a jamais demandé de ne pas porter plainte. Jamais."
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"Putain, à 40 ans, se faire traiter de bougnoules..." renchérit-il "J'ai repensé à ma mère, à mon père, à ce que j'entendais quand j'étais plus jeune, à Bourg-en-Bresse, quand je jouais avec mon frère, que mon père était sur le bord du terrain et qu'on entendait, quand je traversais le terrain pour aller marquer : 'Attrapez-le, le négro.' Dès l'âge de 6 ans, j'ai vu mon père filer des gifles sur le bord du terrain pour défendre ses enfants du racisme. Aujourd'hui, je suis adulte. Mais "les bougnoules, les boucaques ", j'ai trop entendu ces mots-là. Je ne laisserai pas passer ça. Le coup m'a fait mal, mais il me fait cent fois moins mal que l'insulte."
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Selon Yannick Larguet, le racisme est bien présent dans le monde du rugby d'aujourd'hui : "Il faut aussi absolument fuir et s'éloigner de cette vérité qui n'en est pas une : 'Le racisme n'existe pas dans le rugby.' Ce n'est pas vrai. Demandez aux gamins de couleur, à certains professionnels. Je pense à Yves Donguy, l'ancien ailier de Toulouse qui, lors d'un match sur une chandelle, fait un en-avant avec devant lui l'ailier de l'équipe adverse qui imite le gorille. En 2021, l'ailier de Nevers (Christian Ambadiang, NDLR) a été insulté et traité de "mangeur de bananes". Aix-en-Provence avait licencié le joueur (Ludovic Radosavljevic, NDLR) et je me félicite de la réaction du club."
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