« On sera hors-la-loi » : dans le Gers, les motards ne veulent pas du contrôle technique
La mesure a toujours été impopulaire et décriée. Pourtant, en avril 2024, les motards devront se plier au contrôle technique de leur véhicule. Pas question, dit Bruno Laumenerch, coordinateur de la Fédération française des motards en colère du Gers (FFMC32).
La FFMC s’est toujours opposée à ce contrôle technique. Comment avez-vous accueilli cette annonce ?
Nous, on se bat contre le contrôle technique depuis 2008, depuis que l’Europe a décidé de l’imposer. Il s’agissait à l'époque soit d’un contrôle technique, soit de la mise en place de mesures visant à réduire l’accidentalité des deux roues motorisées. Nous sommes allés au ministère des Transports, nous avons fait des propositions vissant à réduire l’accidentalité, plutôt que d’imposer un contrôle technique qui ne sert à rien. Pour cela on s’appuie sur des enquêtes qui indiquent que l’état du véhicule est en cause dans 0,3 % des accidents. Donc, dans 99,7 % des cas, ce n’est pas l’état de la moto qui est en cause. D’autant plus qu’un motard est conscient de sa vulnérabilité sur la route, donc il prend soin lui-même de sa moto. Nous sommes des passionnés, on aime rouler sur des machines qui sont en bon état.
De quoi parlez-vous lorsque vous évoquez de mesures visant à réduire l’accidentalité ?
Il y a beaucoup de choses à faire, notamment sur les infrastructures. En supprimant les obstacles dans les virages, en généralisant les poteaux souples en ville par exemple. En aménageant aussi le permis de conduire, en faisant rentrer la notion de partage de la route entre tous types de véhicules etc. Il y a beaucoup de mesures à prendre avant celle du contrôle technique.
Vous avez toujours été écouté jusqu’à maintenant.
C’est le conseil d’État qui impose ce contrôle technique, pour se mettre en conformité avec les directives européennes. Mais les centres de contrôle technique ne sont pas prêts pour cela. On ne sait même pas à quoi il va ressembler. On nous parle d’un contrôle de sécurité, et pas d’un contrôle de conformité. On va regarder les freins, la suspension, les pneus, ce que le motard fait déjà tout seul. Donc on va continuer à se battre.
L’arrêté est paru au journal officiel. Vous pensez pouvoir encore y réchapper ?
Il ne faut jamais dire jamais, on ne va pas baisser les bras. Au bout du bout, on fera un boycott de ce contrôle technique qui ne sert pas à la sécurité du motard. Cela ne garantit en rien notre sécurité, donc on ne va pas jeter de l’argent par les fenêtres. De plus, en tant que passionné, souvent on a plusieurs motos à la maison. J’en ai moi-même quatre. On ira jusqu’au boycott, tout le monde reconnaît depuis des années que c’est une mesure ridicule.
Vous vous mettrez donc volontairement en infraction ?
Oui bien sûr, on sera hors la loi dès lors qu’en avril 2024 le contrôle technique sera rendu obligatoire. On n’aura pas de vignette sur nos motos, et nous verrons.
Votre fédération sait généralement faire du bruit et se mobiliser. Des actions sont prévues prochainement ?
On y travaille, bien sûr que c’est dans notre « to do list ». Le moment d’actualité n’est pas propice. Il se passe beaucoup de choses dans le monde. Donc dès le printemps prochain j’espère que l’on pourra manifester.
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