Cyberattaques, désinformation, opérations de déstabilisation... les eurodéputés veulent une stratégie contre les ingérences étrangères

  • Raphaël Glucksmann, eurodéputé français.
    Raphaël Glucksmann, eurodéputé français. PE
Publié le

l'essentiel Cette semaine, les eurodéputés ont appelé la Commission à plancher sur une stratégie coordonnée de l’Union européenne contre les ingérences étrangères. 

Les démocraties européennes ont-elles enfin pris la mesure des coups de boutoir qu’elles reçoivent de certains régimes autoritaires qui, à coups de cyberattaques, de désinformation et d’opérations de déstabilisation minent leur fonctionnement normal ? En tout cas cette semaine, les eurodéputés ont appelé la Commission à plancher sur une stratégie coordonnée de l’Union européenne contre les ingérences étrangères.

« La guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine a clairement mis en évidence le lien entre les tentatives d’ingérence étrangère et les menaces pesant sur l’UE et son voisinage immédiat, les Balkans occidentaux et les pays du partenariat oriental, ainsi que sur la sécurité et la stabilité mondiales », avertissent les députés de la commission spéciale sur l’ingérence étrangère (ING2n), présidée par le Français Raphaël Glucksmann. Ce dernier vient de publier « La grande confrontation, comment Poutine fait la guerre à nos démocraties » (Allary Éditions) qui met au jour la stratégie de Vladimir Poutine, notamment auprès de certaines élites européennes (La Dépêche du 16 avril).

Une menace croissante pour la sécurité des États membres et de l’UE

Le rapport cite de nombreux exemples d’ingérence étrangère (Gazprom en Allemagne, renseignement russe en Hongrie, attaques contre la communauté LGBTIQ + par des campagnes de désinformation en Slovaquie, en Hongrie et en Pologne). « Préoccupés par la dépendance de l’UE à l’égard d’acteurs étrangers et de technologies étrangères dans les infrastructures critiques et les chaînes d’approvisionnement, les députés invitent le Conseil et la Commission à exclure l’utilisation d’équipements et de logiciels provenant de fabricants de pays à haut risque, en particulier de Chine et de Russie, comme TikTok, ByteDance, Huawei, ZTE, Kaspersky, NtechLab ou Nuctech », indique le rapport, qui craint une augmentation de l’ingérence et de la manipulation de l’information dans la perspective des élections européennes de 2024.

« L’ingérence étrangère dans les processus démocratiques représente une menace croissante pour la sécurité des États membres et de l’UE. Des investissements importants et durables doivent être réalisés pour renforcer notre résilience démocratique, en s’appuyant sur l’expérience de nos partenaires comme l’Ukraine et Taïwan », assure la rapporteure Sandra Kalniete. Le rapport va être soumis au vote de l’ensemble du Parlement lors de la session plénière de mai.