Les policiers de la Brav-M enregistrés à leur insu plaident la "fatigue"
Lors de la nuit du 20 au 21 mars dernier, les policiers de la Brav-M ont été enregistrés à leur insu à la suite d'un contrôle pendant les manifestations contre la réforme des retraites à Paris. Les enregistrements font état d'une certaine violence de la brigade envers les sept interpellés. Les policiers ont livré leur version des faits, plaidant "une fatigue physique et mentale."
Les policiers de la Brav-M (Brigades de répression des actions violentes motorisées) étaient en opération dans la nuit du 20 au 21 mars, lors des manifestations contre la réforme des retraites à Paris. Une journée de tensions entre les manifestants et les forces de l'ordre, qui a traîné jusqu'en début de soirée.
Suite aux indications d'un capitaine de police, le groupe "Brav Mike 4" interpelle un groupe de sept jeunes suspectés de dégradations. C'est à ce moment qu'un des interpellés enregistre discrètement les échanges avec la brigade.
"Les fatigues physique et morale étaient à leur seuil le plus élevé"
Après les enregistrements révélés par Le Monde et Loopsider, l'IGPN (Inspection générale de la police nationale) décident d'ouvrir deux enquêtes, administrative et judiciaire. Les policiers de la Brav-M ont livré leur version des faits avant d'être entendus par la police des polices.
Selon Yann C., un des policiers de la brigade, l'unité a commencé à 10h30. "Les fatigues physique et morale étaient à leur seuil le plus élevé, nous contraignant à agir bien au-delà de nos capacités", écrit le brigadier Benoît A. Le gradé quant à lui, décrit des plages horaires de 14 heures voire 16 heures de travail durant lesquelles leurs "besoins fondamentaux et vitaux n'ont pas été respectés, s'hydrater et se restaurer étaient très compliqués."
Le policier de la Brav-M, Pierre L. – que l'on entend dire dans les enregistrements à l'un des interpellés "C'est le premier qui bande qui encule l'autre ?" – n'y voit "aucune connotation sexuelle". Pour lui, il était "à bout", "à fleur de peau", il reconnaît toutefois avoir "manqué de professionnalisme". Le brigadier ne voyait "qu'un combat de coqs verbal." Il ne voulait pas "laisser l'individu se sentir supérieur et gagner cette joute".
Apaiser la situation
L'individu pris à partie dans les audios par la brigade s'appelle Souleyman, il est tchadien et installé en France depuis 4 ans maintenant. Souleyman assure avoir reçu une gifle lors de cette interpellation. Un "claquement" similaire est audible dans l'enregistrement. Pierre L. précise avoir simplement "repoussé le visage". On l'entend pourtant dire : "Tu en reveux peut-être une pour te remettre la mâchoire droite ?"
Yannis A. que l'on entend ironiser sur l'arrivée en France du jeune homme "tu t'es accroché à l'aile de l'avion" affirme avoir voulu "décompresser sur les propos incohérents de Souleyman."
"Demain tu as une OQTF (Obligation de quitter le territoire français) et c'est fini", accentue le policier Théo R. dans les audios. Ce n'était pas "une intimidation", écrit-il, mais "pour l'informer des risques judiciaires". Lorsqu'il apprend que le jeune homme réside à Saint-Denis, il s'amuse de la situation "Ça tombe bien on y va mercredi, on va te retrouver". Le brigadier indique alors dans son rapport que l'unité passe parfois dans la ville, et qu'il n'est pas impossible que Souleymane recroise les policiers.
Depuis les faits, les agents concernés par cette affaire ne sont désormais plus affectés dans les opérations de maintien de l'ordre, mais n'ont pas été suspendus.
"Je pense que cette enquête-là sera menée assez vite", avait déclaré le préfet de police Laurent Nuñez, dimanche 2 avril dernier. "Je le souhaite pour pouvoir prendre des décisions administratives le cas échéant."
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