Jeu "antifa" retiré de la vente à la Fnac : "On ne comprend pas", réagit Libertalia, l'éditeur du jeu de société
Dimanche soir, la Fnac a annoncé le retrait à la vente d'un jeu sous la pression, notamment, d'un syndicat policier. L'éditeur du jeu, qui se présente comme étant simplement "contre l'extrême-droite", s'en est ému ce lundi et dit ne pas comprendre la réaction de l'enseigne.
En quelques heures, la décision était prise. Suite à une remarque dimanche via Twitter du SCPN (Syndicat des commissaires de la Police Nationale), appuyée notamment par le député RN de Gironde, Grégoire de Fournas, la Fnac a fait le choix dans la soirée de retirer de la vente "Antifa, le jeu".
"Nous comprenons que la commercialisation de ce "jeu" ait pu heurter certains de nos publics. Nous faisons le nécessaire pour qu'il ne soit plus disponible dans les prochaines heures", a en effet répondu l'enseigne au tweet du SCPN qui dénonçait un jeu mettant en avant "les antifas, qui cassent, incendient et agressent dans les manifestations". De son côté, le député RN n'y était pas allé de main morte : "Case 1 : "je bloque une fac" ; Case 2 : "je tabasse un militant de droite" ; Case 3 : "j’attaque un meeting du RN" ; Case 4 : "je lance un cocktail Molotov sur les CRS".
Nous comprenons que la commercialisation de ce "jeu" ait pu heurter certains de nos publics. Nous faisons le nécessaire pour qu'il ne soit plus disponible dans les prochaines heures.
— Fnac (@Fnac) November 27, 2022
Des sorties qui font ce lundi bondir l'éditeur du jeu, Libertalia, qui dénonce une série "d'allégations mensongères émanant de l'extrême-droite puis des forces de répression". "Le député l'a dit lui-même : il n'a pas ouvert le jeu, il n'a fait qu'imaginer ce qu'il pouvait y avoir devant. Déjà, ce n'est pas terrible pour un élu de la Nation. Ça l'est encore plus quand on sait que c'est totalement faux", s'agace auprès de La Dépêche du Midi Nicolas Norrito, cofondateur de la maison d'édition.
Pour ce dernier, c'est l'incompréhension totale ce lundi. "La décision de la Fnac, je ne la comprends pas. C'est un vrai problème qu'elle ait cédé à ce genre de pressions comme ça, un dimanche soir", regrette l'éditeur. "Ils se sont mis dans une situation compliquée, parce que ce jeu, il est dans tous leurs principaux magasins et sur leur site depuis le 10 novembre, et on en avait déjà sorti une première édition l'an dernier, en vente aussi à la Fnac. On avait écoulé nos 4 000 exemplaires en l'espace de six semaines."
Un jeu avant tout "pédagogique"
C'est d'autant plus problématique que pour Nicolas Norrito, il s'agit d'un jeu avant tout "pédagogique", "un jeu de formation, pas du tout sensationnaliste, peut-être pas assez ludique, mais dont le but est de parvenir à empêcher une manifestation d'extrême-droite par du tractage, de l'affichage... Il n'y a pas de vandalisme ou de caillassage, ce n'est pas du tout le propos". Ce lundi, il fait face au silence de l'enseigne. "La Fnac dit qu'elle ne fera aucun commentaire, elle ne nous a pas consultés avant de retirer le jeu de la vente, donc on prend acte de tout ça, et on aimerait récupérer les quelque 350 exemplaires qu'il doit leur rester."
Libertalia, basée à Montreuil est à la fois librairie de quartier et maison d'édition. "Antifa" est le seul jeu qu'elle édite. "On édite principalement des livres et on est une maison d'édition de gauche", précise Nicolas Norrito, qui dit avoir l'habitude de travailler avec "La Horde", collectif antifasciste à l'origine du jeu.
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